Guy-Marie Riobé
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Guy Marie Riobé naît à Rennes le 24 avril 1911, dans une famille nombreuse. Il est le second de six garçons. Famille de l’ouest, traditionaliste, bourgeoise et musicienne.
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La musique – écrit-il – a évité à ma famille d’être trop «bourgeoise» au mauvais sens du terme. Nous jouions tous d’un instrument, pour moi, c’était le violoncelle.
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A 18 ans il entre au séminaire d’Angers où sa famille avait déménagé. Il est ordonné prêtre en juin 1935 et nommé vicaire d’une petite commune de bord de Loire, il est en même temps aumônier de la JAC (jeunesse agricole catholique).
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En 1939 il est mobilisé comme infirmier militaire sur le front de l’est.
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La retraite de 1945 prêchée par un jésuite, le père Monier, est un déclic pour sa foi chrétienne. En 1951 il est nommé vicaire général du diocèse d’Angers. En 1955 il accepte la responsabilité des fraternités des petits frères de Jésus (fraternités sacerdotales de Charles de Foucauld). En août 1961 il est nommé coadjuteur du diocèse d’Orléans puis en devient l’évêque titulaire le 23 mai 1963.
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Suite à l’encyclique « Fidei Donum » de Pie XII du 21 avril 1957, le pape Jean XXIII demande à l’Église de France une aide pour l’Amérique Latine (lettre du 25 septembre 1961). « Nous voudrions que, sans porter préjudice à l’effort magnifique consenti en faveur du continent africain et des missions dans le reste du monde, un effort parallèle soit tenté, dans la mesure du possible, en faveur de l’Amérique Latine. » C’est en réponse à cette demande que naît en 1962 le Comité Épiscopal France Amérique Latine, le « CEFAL », avec comme premier président Mgr Guy-Marie Riobé, évêque d’Orléans, comme secrétaire national, le père Michel Quoist, et comme vicaire général, présent dans le continent, le père François de l’Espinay. Très vite, le Comité prend une place importante dans l’Église de France, au-delà de l’aide ponctuelle par l’envoi de prêtres diocésains prêtés quelques années aux diocèses d’Amérique Latine, (en une quarantaine d’années, il en partira plus de 320). C’est une lourde responsabilité pour l’évêque d’Orléans déjà très absorbé par son diocèse.
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Encore jeune évêque lors du concile Vatican II (1962-1965), Guy-Marie Riobé se plonge avec ardeur dans les rencontres, souvent internationales, et dans la construction des documents, ressources pour l’avenir de l’Eglise. Il est désigné pour la traduction du décret Ad gentes (Vers les peuples…) promulgué en 1965. Celui-ci encourage l’inculturation missionnaire, le partage de la vie des populations et la coopération sur place avec l’ensemble des structures chrétiennes.
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L’année 1969 est marquée par des actes qui lui sont dictés par la conscience qu’il est l’évêque non des seuls pratiquants mais de tous les habitants du diocèse d’Orléans : en janvier, il témoigne au procès de trois objecteurs de conscience ; en juillet, il s’exprime « Pour nos frères juifs », suite à la rumeur d’Orléans.
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Ces prises de parole ont un fort retentissement dans l’opinion, chrétienne, française et même au-delà. Dès lors, Guy-Marie Riobé est souvent sollicité pour de nouvelles interventions – qu’elles viennent de lui en conscience, qu’elles lui soient suggérées par des témoins, qu’elles soient même rédigées par d’autres désireux que grâce à sa signature, leur propos trouve place dans l’opinion. Ainsi au cours de la décennie 1970, une succession de prises de parole publiques alimentent bien des débats et ouvrent des perspectives : en soutien à la communauté non-violente d’Orléans, contre l’armement nucléaire, pour dénoncer la torture…
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Par ailleurs le départ de nombreux prêtres et la diminution des séminaristes interpellent profondément l’évêque d’Orléans. Cette réalité l’incite à proposer à Lourdes une intervention sur la préparation au ministère des prêtres. Non retenue par l’assemblée des évêques, le texte est publié dans journal le Monde en novembre 1972. Il suscite un millier de lettres de France et bien au-delà : c’est « l’affaire Riobé », reconnue comme un acte courageux et reçue par beaucoup comme une « bonne nouvelle ».
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Evêque d’Orléans, il mûrit et construit, durant cette même période, avec les forces vives du diocèse un projet d’Eglise qui manifeste son unité sous des visages divers. Vont naître et se développer une série d’initiatives pastorales inédites. Des aumôneries de jeunes scolaires ou rejointes par des mouvements( MRJC, JOC-JOCF,JIC-JICF, JEC..) voient peu à peu le jour dans le diocèse, ainsi que des maisons d’Eglise : le Centre œcuménique, Les fourneaux – maintenant nommés Pont de pierre-, la Maison Recouvrance, le Relais, et même une paroisse ouverte aux lycéens orléanais… Toutes ces nouveautés enthousiasment les uns et en effrayent d’autres. La plupart du temps, ces créations sont mises en route par des groupes chrétiens avec des prêtres jeunes. Le père Riobé les a « autorisées » au sens où il les a encouragées. Les lui attribuer veut signaler son esprit déjà synodal, avant l’utilisation du terme. Il n’a pas tout fait, il a aidé à les faire vivre et les a marquées son envoi épiscopal.
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En 1977, Guy-Marie Riobé se fait l’écho dans le journal Le Monde de toute cette réflexion, dans un texte « L’Eglise est invitée au courage » où il émet l’hypothèse de l’ordination d’hommes mariés.
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Devant les réactions parfois violentes à ses prises de parole, dans la société et dans l’Eglise de France, en mars 1977, fatigué, épuisé Guy- Marie Riobé présente sa démission au pape Paul VI, qui la refuse. Le 18 juillet 1978, parti se reposer chez des amis dans le sud de la France, il est victime d’une crise cardiaque en se baignant dans le calme du soir. Son corps ne sera reconnu que quelques jours plus tard. Ses obsèques ont lieu le 27 juillet 1978 à la cathédrale d’Orléans, où il est enterré.
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